vendredi 7 mars 2008

Chez Georges

Cà y est je l’ai trouvé
Des bruissements parallèles
En aveugle m’ont guidés.
Je l’ai trouvé mais ce n’est rien
C’est en moi mais aussi à l’extérieur
En différents points qui s’étirent et
Se fondent.

Au début la fascination du miroir
Ou j’ai su leur nombre.
De l’intérieur de ma bouche glisse
Un fiel verdâtre un peu amer
Et je sais qu’il me faut satisfaire
Leur douce cruauté.

Je ne suis pas encore habitué à eux
Et l’autre jour chez le boucher
J’avais oublié mon porte monnaie
Le bruissement a augmenté alors que
Je réclamai un crédit puis m’enveloppant,
Un réseau de diadèmes verts phosphorescent
S’est formé. J’en ai décroché un. Il était
Vert et bleu et émettait un Sib4 en decrescendo
Plaintif.

J’ai placé le Sib4 sur le comptoir du boucher.
George (le boucher) est allé cherché son fils Igor
Qui est revenu avec un violon.
Et la devant témoin dans cet atelier scientifique
Improvise et assuement nomée « Chez Georges »

A chaque note d’Igor se matérialisait un nouveau
Diadème mais ceux ci étaient rouges et leur courbure
Plus aigrie.
Igor tenait à peine son manche tandis que
L’archer épousait la trajectoire de ces mouvements.

Les étales de viande : sous le comptoir formaient
Maintenant une nature morte. Le salami trônait
Phalique et tacheté avec pour chevalière une paire de
Côtelettes d’agneaux- une entrecôte de bœuf frappée
Aux efligies étranges pouvait être le bouclier/boucher .

Georges adorait la musique mais pas les natures mortes

Et pour une raison qui me dépasse il s’est mis à
Gueuler comme un âne sur Igor qui les larmes aux
Yeux devant ce grossier manque de sens pictural paternel
Glissa son violon dans l’étui le boucla et disparut.
Georges petit râblé soufflait fort ses deux grosses pattes.
Sur le comptoir. Un œil en direction du diadème
L’autre vers la nature morte puis l’inverse à qui au
Bout de quelques secondes donnait le vertige.

Puis il fondit en larmes et m’avoua que son métier de
Boucher n’était qu’une honteuse couverture, sa passion
,le sens de toute sa vie c’était la peinture et particulièrement
la nature morte-Ses grosses larmes formaient une
petite cuvette dans laquelle le diadème faisait la
planche.

Je lui dit qu’avec de subtils aménagement que la boucherie
Deviendrait un atelier de nature morte d’autant qu’
Il avait déjà une première œuvre- J’allai même jusqu’à
Lui échanger Sib4 contre du foie de veau pour Stravïnsky, mon
Jeune apprenti en réseaux sémantiques. George déclara tout
Net que c’était de l’arnaque, que l’art n’avait pas de
Prix et de ce fait le foie de veau étant indissociable

de la nature morte de l’œuvre demandée était odieuse

D’autant que ce foie de veau n’était plus foie de veau
philosophiquement parlant.«Vous vous imaginez pouvoir
Arrêter chez le coiffeur les cheveux de Mona Lisa
Pour les offrir à votre souris ? Et vous voulez que je
je vous l’emballe là dedans en plus ? Il montra alors la
Pile de papier boucherie « chez Georges ».
Tout çà c’est de l’art et l’art ce n’est pas du cochon !
Vous êtes intelligent non ? Vous faites la différence.
Puis plus calme : « Vous êtes trop dans vos idées farfelues!
Vous en oubliez les réalités. Écoutez-moi Valdez (c’est
Mon nom) sûr que quand vous êtes rentré ici
C’était la boucherie « Chez Georges ».Maintenant c’est
Un atelier de peinture spécialisé dans la nature
Morte –Vous voyez bien ! Comme moi vous n’y pouvez
Rien c’est un fait, une réalité-Je suis désolé pour
Votre foie de veau mais il n’existe plus en tant que tel
et ce serait malhonnête de ma part de vous tromper sur la
Marchandise.